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Rentrée littéraire 2022 : 20 livres à découvrir

De Thomas Chouanière • septembre 27, 2022Sélections & décryptages

Cette année encore, des centaines de livres paraissent entre août et novembre. Une abondance parmi laquelle il est parfois difficile de faire son choix… À destination des indécis, voici vingt romans (dix français, cinq étrangers, cinq premières œuvres) qui vont faire parler d’eux toute la saison.

Les romans français

Le cœur ne cède pas de Grégoire Bouillier

Connu pour ses romans-enquêtes teintés d’autofiction, Grégoire Bouillier jette un nouveau pavé dans le style. Le cœur ne cède pas relate, en près de mille pages, son obsession pour un fait divers sordide : le suicide par inanition d’une ancienne mannequin à Paris, dans les années 1980. Multipliant les formes, les indices et les digressions, l’auteur livre un roman étrange et passionnant autour de la fascination que l’on peut éprouver à l’égard de tel ou tel événement intime soudainement médiatisé.

La Petite Menteuse de Pascale Robert-Diard

Après avoir couvert des centaines de procès dans les colonnes du Monde, Pascale Robert-Diard invente sa propre affaire avec La Petite Menteuse, ou le récit de la rencontre entre une victime et une avocate, dans le cadre d’un procès pour viol sur mineure. À travers leur relation, l’autrice nous plonge dans un impitoyable engrenage, autour de la notion de vérité et d’apparences, tout au long d’un roman maîtrisé.

Taormine d’Yves Ravey

La route, la nuit, en Sicile. Un couple au bord de la séparation tente de renouer à travers un petit séjour sur l’île italienne. Le mari dévie de l’itinéraire prévu et prend un chemin de terre. La voiture de location heurte une forme mystérieuse. Commence alors un roman noir sur le délitement de la relation amoureuse : Taormine regorge de petits détails fugaces qui font à la fois avancer l’intrigue et évoquent les griefs des personnages. Yves Ravey, déjà salué pour Pas dupe ou Un notaire peu ordinaire, retrouve ici toute sa maestria !

La Vie clandestine de Monica Sabolo

Pour mieux analyser sa propre famille, Monica Sabolo se plonge dans une autre « fratrie » : Action Directe, groupe de terroristes notoirement connus pour les enlèvements et les assassinats qu’ils ont perpétrés dans les années 1980. La Vie clandestine entremêle petite et grande histoire pour mieux dire la vérité des êtres, et prouve que la littérature ne cesse d’avoir un rôle de catharsis majeur.

Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

Nouvel épisode de la série Ma nuit au musée des éditions Stock, après L’Arche Titanic d’Éric Chevillard ou Le Parfum des fleurs la nuit de Leïla Slimani, Quand tu écouteras cette chanson nous fait suivre les heures nocturnes passées par Lola Lafon au musée Anne Frank. L’occasion d’évoquer le sort de la jeune fille hollandaise devenue le symbole de l’Holocauste à travers le monde, et d’interroger notre rapport à la mémoire dans un essai palpitant.

Collapsus de Thomas Bronnec

Thomas Bronnec est un cas à part parmi les auteurs édités à la Série Noire : ses romans tendent vers la politique-fiction davantage que le thriller. Après le rapport média-pouvoir de La Meute, voici Collapsus, une fable dans laquelle l’écrivain imagine l’arrivée au pouvoir d’un militant écologiste radical en France. Retraçant les premières mesures du nouveau président et la levée de boucliers de ses divers opposants, le récit nous plonge dans les dilemmes moraux que pose la question environnementale de nos jours…

Vers la violence de Blandine Rinkel

Comment la relation d’un père exigeant à sa fille peut-elle engendrer de profondes cicatrices ? C’est le cheminement qu'explore Vers la violence. Blandine Rinkel évoque au fil des pages l’histoire de Lou, d’abord enfant, puis adulte, et son rapport à un patriarche autoritaire, véritable antihéros de cette histoire d’amour familial et d’émancipation, cadre d’un récit puissant et très réussi.

Les Presque Sœurs de Cloé Korman

Dans un dialogue des époques particulièrement réussi, Cloé Korman se replonge dans les archives de l’Occupation, pour mieux narrer la traque des enfants juifs par le régime de Vichy. À travers le parcours de trois des cousines de son père, disparues dans les camps, l’autrice fait des Presque Sœurs un saisissant portrait de la haine et d’une bureaucratie sadique. L’écrivaine ne manque pas, au passage, d'afficher sa sidération et son état d’esprit face à une brutalité qui paraît à la fois lointaine et si proche…

Chien 51 de Laurent Gaudé

Dans le monde de Chien 51, les sociétés multinationales rachètent les États et fondent des cités ultramodernes dans lesquelles sont parqués les citoyens. À Magnapole, l’une d’entre elles, un policier de bas étage doit enquêter sur un meurtre affreux ayant eu lieu dans les bas-fonds. Sur ce postulat de départ, entre science-fiction et polar, Laurent Gaudé tisse l’implacable mécanique d’une dystopie effrayante qui nous éclaire sur les enjeux du monde à venir…

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Un trentenaire revient dans la grande maison familiale pour les vacances. Depuis dix ans, il a boudé l’instant des retrouvailles entre les générations, les cousins, les frères, les sœurs. Là, il fait la connaissance de son petit cousin, cinq ans, qui lui rappelle ses premiers étés… Avec nostalgie et une certaine noirceur, Pierre Adrian évoque le temps qui passe et les drames qui couvent tout au long de Que reviennent ceux qui sont loin, jolie surprise de cette rentrée littéraire.


Les premiers romans

Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel : Prix du Roman Fnac 2022

C’est l’événement de cette saison des prix littéraires : le Prix du Roman Fnac 2022 a été attribué à Sarah Jollien-Fardel, pour son livre Sa préférée. Une récompense qui vient saluer, une fois n’est pas coutume, un premier roman. Précédemment journaliste pour diverses publications dans sa Suisse natale, Sarah Jollien-Fardel avait temporairement renoncé à l’écriture, avant de se raviser. Son livre se veut une exploration toute personnelle du Valais, une région montagneuse helvétique, à travers le prisme d’un récit intime, et brutal. Face à un père violent, l’héroïne de ce récit tente de se reconstruire, de distinguer, dans ses souvenirs, ce qui a entraîné des traumatismes ou les a, au contraire, résorbés. Côté style, l’autrice nous transmet de véritables sensations physiques de la vie isolée dans les Alpes, avec notamment un vrai jeu sur l’ouïe et les silences.

Le bord du monde est vertical de Simon Parcot

Qu’est-ce qui peut pousser les hommes à se frotter aux plus hautes montagnes, à défier, armés d’une corde et d’un piolet, les parois les plus vertigineuses ? La réponse se trouve dans Le bord du monde est vertical, premier récit signé Simon Parcot. Il narre la « Grande Ascension » d’une petite cordée vers le « Bord du monde », un sommet inatteignable, au cours d’une épopée à la fois physique et mystique, philosophique et poétique.

Vivantes de Françoise Colley

La déception des femmes, mais aussi leur résilience, est au cœur de Vivantes. Le cadre ? Un HLM quelconque dans une ville lorraine industrieuse et paupérisée. Les personnages ? Une mère et ses dix enfants, six d’un premier mariage avec « Le Juif », quatre avec « L’Arabe »… Le but ? À travers le récit de vie d’une narratrice en plein divorce, montrer comment cette maman courage continue d’aider, longtemps après, ses filles. Sous la plume brutale de Françoise Colley, ce premier roman constitue une archéologie des Trente Glorieuses aussi maîtrisée qu’édifiante.

En salle de Claire Baglin

Quand le fast-food représente une chance de se faire une place dans le monde, c’est que la précarité guette partout. C’est tout le propos d’En salle, récit organique d’une jeune « équipière » embauchée dans un restaurant qui sert des burgers et broie chacun de ses salariés dans une machine infernale. Sous la plume de Claire Baglin, le travail moderne, si proche du job d'ouvrier spécialisé des temps anciens, se meut en un enfer perceptible, avec comme seul horizon la pointeuse qui sonne la fin de ses heures devant une friteuse ou une planche de cuisson.

Ils vont tuer vos fils de Guillaume Perilhou

C’est un texte prenant, haletant, brutal, sans pudeur. Il relate l’adolescence de Guillaume, enfant abusé par son père, séparé de sa mère, homosexuel, volontiers travesti, qui se heurte successivement au mur de la Justice, à celui d’un foyer éducatif, et enfin d’un hôpital psychiatrique. Oscillant sans cesse entre enthousiasme et morbidité, Ils vont tuer vos fils installe Guillaume Perilhou parmi les écrivains puissants de cette rentrée littéraire, avec un premier roman proche du coup de maître.


Les romans étrangers

Faire bientôt éclater la terre de Karl Marlantes

Deux frères et leur sœur, au début du XXe siècle. Fuyant la Finlande, où l’Empire russe tente de s’imposer, Ilmari, Matti et Aino partent aux États-Unis, et se retrouvent employé·e·s dans une colonie spécialisée dans le bûcheronnage. Leurs trois destins croisent la grande histoire de l’Amérique en cette époque d’émigration et d’industrialisation. Faire bientôt éclater la terre fait remonter le temps à Karl Marlantes : jusqu’ici connu pour son roman sur la guerre du Vietnam (Retour à Matterhorn), il s’intéresse ici au temps jadis avec beaucoup de finesse.

La Cité des nuages et des oiseaux d’Anthony Doerr

Après Toute la lumière que nous ne pouvons voir, Prix Pulitzer en 2015, Anthony Doerr témoigne à nouveau de sa virtuosité avec La Cité des nuages et des oiseaux. Un roman à la fois polyphonique (trois personnages principaux y sont dépeints), diachronique (on y passe de l’époque de l’Empire byzantin à celle de la conquête spatiale future, en passant par 2020), et mystérieux (le titre fait référence à un vieux manuscrit présenté au fil du récit), ce livre fourmillant d’idées et d’inventivité croise les genres et les époques avec maestria. Un tour de force littéraire.

Le Cartographe des absences de Mia Couto

Mia Couto, lusophone d’expression, a passé une grande partie de sa vie au Mozambique. Une terre marquée par la guerre et les catastrophes naturelles, dont il nous parle avec force détails dans Le Cartographe des absences, ou l’histoire d’un poète revenant dans son quartier d’enfance. Entre passé et présent, entre souvenirs et émanations actuelles, ce personnage nous livre une vision panoramique d’une société à jamais marquée par ses tourments. L’auteur, avec sa poésie habituelle, n'y fait pas mystère des événements qui ont marqué sa propre vie.

Et la forêt brûlera sous nos pas de Jens Liljestrand

C’est un roman d’une actualité incendiaire : Et la forêt brûlera sous nos pas nous plonge dans une catastrophe de notre époque, à savoir un incendie gigantesque en zone tempérée. Quatre personnages, tous représentatifs d’une certaine attitude révélée par des événements qui nous dépassent, livrent leur manière d’affronter les flammes au cours de ce récit apocalyptique et vertigineux, signé Jens Liljestrand.

Arpenter la nuit par Leila Mottley

Leila Mottley écrit vite et bien : à 19 ans à peine, elle sort avec Arpenter la nuit un premier roman choc. Inspirée d’un fait divers authentique, elle narre le parcours de Kiara, mineure, embarquée dans le milieu de la prostitution. La peinture sans concession de cet enfer humain et mental et la plongée dans la vie des Afro-américains précaires de la ville d’Oakland s’avèrent aussi réalistes que maîtrisées. Une autrice est née.

Et si vous souhaitez encore un peu plus de conseils lecture, vous pouvez vous replonger dans les 20 romans de la rentrée littéraire 2021 !

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