Accéder au contenu principal
Image de titre

Jeunesse éternelle : 10 classiques qui n'ont pas pris une ride

De Alessandro Rizzo • juillet 06, 2021Sélections & décryptages

Un classique est un modèle, un roman inoubliable qui résiste au temps et aux modes, une œuvre d’un âge parfois canonique dont le pouvoir de séduction reste intact… La preuve en une sélection chronologique de dix classiques qui ne font pas leur âge.

Les Liaisons dangereuses (1782) de Pierre Choderlos de Laclos

Histoire de vengeance à quatre bandes, le célèbre roman épistolaire de Choderlos de Laclos est certainement une des romances les plus cruelles et fielleuses jamais écrites. En cent soixante-quinze lettres, les manipulations vipérines de la marquise de Merteuil et du pathétique vicomte de Valmont contre l’ingénue Cécile Volanges et la pieuse Madame de Tourvel mettent à nu la perversité, l’arrogance et le délitement moral de l’aristocratie du XVIIIe. Qu’il soit victime ou bourreau, aucun personnage n’inspire de sympathie dans cet enfer sentimental où le libertinage devient une arme de destruction et de soumission. Grâce à l’implacable mécanique de son intrigue d’où s’échappe un irrésistible humour caustique, le roman a connu de très nombreuses adaptations cinématographiques dont celles très réussies de Stephen Frears et Milos Forman.

Voir l'eBook

Le Dernier Jour d’un condamné (1829) de Victor Hugo

Cent cinquante-deux ans avant l’historique plaidoirie parlementaire de Robert Badinter, l’auteur des Misérables n’a que vingt-six ans quand il publie, anonymement dans un premier temps, un roman choc démontrant par la voix d’un condamné l’atroce absurdité de la peine capitale. Modèle de fiction engagée, ce récit à la première personne retranscrit avec une précision clinique les émotions d’un homme dont on ne saura rien mais qui va peu à peu perdre la tête avant de laisser sa vie sous la lame d’une guillotine. Effroi, colère, résignation et enfin acceptation… durant ce compte à rebours mortifère d’une redoutable efficacité, Victor Hugo se place résolument du côté de l’humain. En soulevant la question de la légitimité morale du recours à la loi du talion par la république, ce manifeste humaniste va entrer dans l’Histoire et inspirer tous les combats des siècles à venir.

Afficher le livre audio

Madame Bovary (1856) de Gustave Flaubert

Des rêves de princesse plein la tête, une bourgeoise déçue par sa vie et affligée par l’ennui sombre dans une profonde dépression jusqu’à l’irréparable… Épouse jugée indigne car incapable d’aimer un mari qu’elle méprise et mauvaise mère qui délaisse sa fille qu’elle aurait préférée garçon, le personnage d’Emma Bovary s’est imposé au fil du temps comme un archétype féminin de la littérature. D’une écriture ciselée, à la fois fluide et nerveuse, Flaubert dresse le portrait au vitriol d’une femme malheureuse pour mieux tirer à boulets rouges sur les fondements de la France sous le Second Empire. Mariage, église, bourgeoisie, révolution industrielle… Rien ni personne n’est épargné dans ce roman grinçant qui fut accusé d’immoralité et d’outrage aux bonnes mœurs par la justice lors de sa parution en 1857. Sans doute trop audacieuse pour son époque, Madame Bovary reste cent soixante-cinq ans plus tard une œuvre résolument moderne et inspirante pour toutes celles et ceux qui reconnaissent en Emma une femme libre, insoumise aux diktats sociaux et moraux imposés par la société.

Voir l'eBook

Dracula (1897) de Bram Stoker

Croyances et légendes, occultisme et romantisme… En 1897, l’Irlandais Bram Stoker réalise l’accord parfait avec un cinquième roman qui le fera passer à la postérité. Posant sans le savoir les codes et les fondations de toutes les futures histoires de vampire, Dracula s’inspire autant de l’histoire d’un cruel seigneur de guerre roumain que des convictions paranormales d’un écrivain qui a toujours laissé planer un doute sur son appartenance à la société secrète d’occultisme Aube dorée. Dans ce roman épistolaire qui ne donne jamais la parole à sa créature principale, l’auteur irlandais imagine une intrigue romanesque, lancinante et envoûtante d’une incroyable beauté ténébreuse qui nous confronte à un monstre condamné à l’inhumanité par un dieu punisseur.

Afficher le livre audio

Rebecca (1938) de Daphné du Maurier

Inspirée par le romantisme gothique et féministe des sœurs Brontë, l’Anglaise Daphné du Maurier n’a que trente ans et trois romans à son actif quand elle se lance dans l’écriture de ce qui restera comme son chef-d’œuvre. Adepte du suspense psychologique et des ambiances lourdes, elle bâtit son roman comme un thriller surnaturel hanté de bout en bout par le spectre invisible d’une défunte omniprésente. Dans l’atmosphère irréelle du manoir Manderley, la vie et la mort se croisent sans cesse dans un angoissant pas de deux entre la nouvelle et l’ancienne madame De Winter. Tragique, tourmenté et mystérieux, Rebecca est un sublime roman de genre qui aura permis à Alfred Hitchcock de réaliser en 1940 un de ses chefs-d’œuvre.

Voir l'eBook

L’Étranger (1942) de Albert Camus


Aujourd’hui maman est morte, ou peut-être hier, je ne sais pas… C’est avec cette sibylline phrase d’ouverture qui donne instantanément le ton qu’Albert Camus nous fait entrer dans le premier volet de son cycle de l’absurde. Dans cette œuvre existentielle surtout pas existentialiste, Camus s’opposant farouchement au mouvement, l’étranger est celui qui se sent extérieur à tout ce qui l’entoure, à l’exubérance des sentiments comme aux règles et aux conventions édictées par la société. Cet étranger condamné à mort pour ne pas avoir exprimé de regrets lors de son procès pour assassinat, c’est Meursault, un jeune homme impassible et indéchiffrable qui tue un autre étranger par accident. Libre penseur ayant toujours refusé de se laisser enfermer dans une quelconque chapelle intellectuelle, Albert Camus frappe fort d’entrée de jeu avec un premier roman qui pose les jalons de son futur parcours littéraire.


>>> Découvrez L’Étranger d'Albert Camus en livre audio, lu par Michael Lonsdale.

Voir l'eBook

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (1960) de Harper Lee

En 1960, la ségrégation vit sa dernière année officielle et les manifestations racistes se multiplient surtout dans les États du sud des États-Unis, arc-boutés sur leurs valeurs esclavagistes. C’est dans ce contexte explosif qu’une jeune écrivaine blanche originaire d’Alabama publie un premier roman qui deviendra un des monuments de la littérature américaine. Fille d’un avocat progressiste, amie d’enfance de Truman Capote, Harper Lee commence par écrire des nouvelles avant de séduire un éditeur qui lui donne les moyens de travailler sur un roman. Fruit de cette confiance, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur entre dans le quotidien d’une famille d’une petite ville fictive des années 1930. Au fil du récit d’un des deux enfants de l’avocat Atticus Finch prend forme une chronique initiatique bouleversante de justesse inspirée par de nombreux éléments biographiques. Traversée par une intrigue policière, son histoire est aussi celle d’une terrible injustice judiciaire et de ses conséquences tragiques dans une société où l’homme noir est coupable par nature. Convaincue d’avoir écrit une histoire d’amour, Harper Lee signe une œuvre intemporelle et universelle qui, au-delà des démons encore vivaces qu’elle convoque, révèle avec beauté toute la complexité de notre humanité.

Voir l'eBook

Le Maître du haut château (1962) de Philip K. Dick

L’affaire démarre comme une uchronie : en 1947, après avoir usé de l’arme nucléaire sur Washington et Boston, les forces de l’Axe se partagent les États-Unis. Alors que le IIIe Reich hitlérien étend son règne de terreur à l’est, l’autoritaire empire japonais installe ses croyances ancestrales à l’ouest. C’est sur cette partie du territoire que se concentre l’essentiel de ce roman fascinant, exigeant et parfois inconfortable qui ne s’apprivoise pas dès la première lecture. Parmi d’abondantes références à la numérologie et à la philosophie asiatique, dont le divinatoire Yi-King, le grand maître de la SF paranoïaque pousse son obsession pour le chaos jusqu’à imaginer une uchronie dans l’uchronie à travers un mystérieux roman racontant la victoire des alliés…

Voir l'eBook

Le Roi des aulnes (1970) de Michel Tournier

Après avoir disséqué le mythe de Robinson dans son précédent roman, Michel Tournier passe à l’allégorie, notamment du nazisme, avec l’histoire complexe d’un garagiste parisien obsédé par les enfants, les pigeons, Saint-Christophe et les signes du destin. Tout au long du parcours initiatique de cet ogre qui ne cesse d’échapper à la morale, la frontière entre le bien et le mal n’est qu’une affaire de perspective et d’interprétation. Nourri de légendes germaniques et de symbolisme biblique, porté par une plume d’une précision chirurgicale, Le Roi des aulnes remporte le prix Goncourt 1970 en nous rappelant qu’un monstre sommeille dans chaque homme…

Voir l'eBook

Underground Railroad (2016) de Colson Whitehead

Roman majeur de ces cinq dernières années, le prix Pulitzer 2016 est un classique naturel qui n’a pas fini de marquer les esprits. Plongée vertigineuse dans les origines du racisme endémique qui touche depuis des siècles les Afro-Américains, Underground Railroad est une œuvre brillante qui ose mettre le romanesque à l’épreuve d’un réalisme brutal. Chaque étape du périple de Cora, jeune esclave en fuite vers le nord abolitionniste, le long de cette mythique voie ferrée souterraine révèle une nouvelle facette de la nature profonde d’un fléau dont les États-Unis ont le plus grand mal à se débarrasser.

Voir l'eBook

Besoin de nous contacter ?

If you would like to be the first to know about bookish blogs, please subscribe. We promise to provided only relevant articles.

Vos paramètres de confidentialité

Rakuten Kobo collecte et traite vos données via l'utilisation de cookies, afin de faire fonctionner le site Web et de garantir son bon fonctionnement. Pour plus d'informations, veuillez lire notre politique de confidentialité.