Sélection Journée de la Terre : des romans et des arbres
Qu’on la trouve effrayante ou protectrice, la forêt représente beaucoup plus qu’un beau décor de fiction. Indispensable à la vie, inspirante et évocatrice par nature, elle est depuis toujours une des entités romanesques favorites des écrivain·e·s. En voici la preuve avec cette sélection de romans d’hier et d’aujourd’hui qui y ont planté leurs intrigues. Une bonne occasion de rappeler à l’approche de la Journée de la Terre le rôle primordial d’un monde végétal complexe et fragile de plus en plus menacé par l’activité humaine.

L’Appel de la forêt
Arraché à sa douce existence californienne pour être revendu comme chien de traîneau en Alaska, Buck découvre malgré lui un monde violent et impitoyable régi par la cruauté des hommes et la brutalité de ses congénères. Dans ce climat hostile où la moindre faiblesse peut être fatale, son instinct de survie devient son meilleur allié. Après être passé de propriétaire en propriétaire, l’animal sauvage qui est en lui va définitivement sortir les crocs quand le maître auprès de qui il était enfin en paix est tué par une tribu indienne. En fuite dans les forêts du Yukon canadien, Buck le survivant se transforme alors en prédateur féroce, prenant la tête d’une meute de loups. Classique absolu du roman d’aventures, L’Appel de la forêt a été inspiré à Jack London par sa propre expérience de la ruée vers l’or. À travers le parcours initiatique d’un chien que rien ne destinait à devoir lutter pour survivre, il décrit une nature puissante et imposante qui ne laisse aucune chance aux plus faibles et impose l’humilité aux hommes.
L'Appel de la forêt est disponible dans l'abonnement Kobo Plus.
Écoutez également avec vos enfants la version abrégée de L’Appel de la forêt de Jack London en livre audio.
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L’Église verte
Lors d’une de leurs marches rituelles en forêt, un père et sa fille découvrent un inconnu vivant nu près d’un étang. Respectueux, ils l’observent avec discrétion jusqu’au jour où ce dernier est malencontreusement blessé par un chasseur. Ils décident alors d’accueillir le mystérieux ermite dans leur foyer, acceptant avec bienveillance sa volonté d’anonymat et son refus des règles sociales. Comme cet homme des bois qui a fui la société, la famille Godion vit elle aussi au rythme de la nature selon les codes autoproclamés de l’église verte. Mais les habitants du village voisin s’inquiètent de leur proximité avec ces marginaux… Auteur engagé, pourfendeur de la famille traditionnelle depuis Vipère au poing, Hervé Bazin changeait de registre avec ce roman du début des années 1980 qui résonne comme une ode à la nature et un hymne à la liberté.
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La Dernière Harde
Dur, dur d’être un prince de la forêt… Dans ce texte d’une époustouflante poésie, Maurice Genevoix vibre à l’unisson d’une nature à qui il a consacré une grande partie de son œuvre. Écrit du point de vue d’un majestueux cerf rouge dont la ramure à dix cors impose la fascination des hommes qui le chassent et le respect de la harde qui le suit, ce roman raconte la vie âpre et dangereuse d’une créature en lutte permanente pour sa survie. Écrivain naturaliste épris de beauté littéraire, l’académicien ne cède jamais à l’anthropomorphisme facile pour donner vie à son héros animal et apporter un supplément d’âme à la forêt qui l’abrite.
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Dans les forêts de Sibérie
Des routes de France jusqu’au sommet de l’Himalaya, en passant par l’Inde ou les steppes de l’Oural, Sylvain Tesson est un écrivain voyageur qui a fait de la planète son principal fil rouge littéraire. En 2010, alors qu’il est en proie au doute vis-à-vis d’une société des hommes qui ne le satisfait pas, il réalise le projet de partir à la recherche du bonheur en pleine nature dans une cabane isolée au fin fond de la Sibérie. Avec deux chiens pour seuls compagnons, il va vivre six mois très loin de tout et de tous au rythme des saisons, face à un lac gelé au cœur de la forêt. De cette expérience existentielle de solitude, qui le comblera au-delà de toutes ses espérances, il tire un essai aux allures de carnet de bord où il raconte avec style, humour et poésie comment s’occuper uniquement à survivre, méditer, lire, écrire, boire un peu de vodka et fumer quelques cigares lui a apporté une incroyable plénitude.
À découvrir également, Dans les forêts de Sibérie en livre audio lu par Sylvain Tesson lui-même, mais également la bande dessinée Dans les forêts de Sibérie.
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Lorsque le dernier arbre
Pour son premier roman, Michael Christie frappe juste et fort. Avec une grande maturité littéraire et une remarquable maîtrise narrative, le jeune auteur canadien s’abreuve à la source romanesque des grands classiques américains pour nourrir une édifiante dystopie climatique construite autour d’une émouvante saga familiale. Tout commence en 2038. L’humanité est à bout de souffle suite aux effets délétères d’une catastrophe écologique planétaire qui raye depuis trente ans les forêts de la surface du globe. Les zones de végétation ayant échappé au « Grand Dépérissement » sont si rares qu’elles sont désormais réservées aux touristes fortunés. Travaillant sur une île canadienne abritant un de ces écosystèmes miraculeusement préservés, une jeune guide apprend qu’elle est l’héritière directe de cette terre précieuse… À partir de là, l’intrigue s’engage dans un récit concentrique rappelant les cernes de croissance des troncs d’arbre. Dans un mouvement de balancier temporel, le passé de la (bien nommée) famille Greenwood répond alors au présent de sa descendante. En quatre périodes qui vont du début du XXe siècle jusqu’à l’apocalypse contemporaine en passant par la grande dépression des années 1930, la généalogie de cette famille intimement liée à cette nature agonisante navigue au cœur de l’histoire tragique d’un monde qui ne survivrait pas à la disparition de son dernier arbre.
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Le Fils de l’homme
Obstiné et tourmenté par son passé, un homme impose à sa compagne enceinte et à leur jeune fils de s’installer dans une maison de famille isolée au cœur d’un luxuriant massif montagneux… En contrepoint au huis clos tragique qui s’annonce, Jean Baptiste Del Amo laisse courir sa plume de digressions poétiques en descriptions naturalistes pour mettre en mots les splendeurs de l’écrin majestueux qui les engloutit. Grâce à ce parti pris d’une grande élégance littéraire, il attribue à la nature le rôle d’une entité à la fois hostile, imposante et omnisciente, dressant une succession de signaux d’alerte qu’un père aveuglé par ses démons, une mère impuissante et un enfant sous emprise sont incapables de voir. Dans cette histoire de filiation maudite et de transmission toxique en pleine nature, l’être humain s’y révèle bien plus sauvage que le plus dangereux des animaux de la forêt.
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La Vie secrète des arbres
Forestier engagé, Peter Wohlleben se consacre depuis l’enfance à la défense des végétaux et à la promotion des innombrables vertus de la forêt. Il est encore à la tête de l’office régional forestier de sa région quand il se lance dans l’écriture d’un livre ambitieux où il dévoile la vie secrète des arbres. À partir des résultats de plusieurs études scientifiques et de sa propre expertise dendrologique – la dendrologie est une branche de la botanique consacrée à l’étude des arbres – il y raconte avec passion les dessous insoupçonnés d’un monde sylvestre organisé en un vaste et complexe réseau neuronal et social. Au gré d’un récit passionnant accessible à tous, on apprend que les arbres communiquent entre eux par un système olfactif, échangent par impulsions électriques, réagissent à la douleur et élaborent des stratégies d’entraide. Grâce à ce livre qui a connu un succès mondial phénoménal, les balades en forêt prennent désormais une nouvelle dimension. Éclairés par toutes ces précieuses informations et touchés par la sincérité du propos, nous pénétrons un univers bienveillant dont nous ne sommes que les invités. À nous de respecter nos hôtes et de savoir apprécier ce qu’ils nous offrent.
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