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Comment produire un livre audio ?

De Kobo Writing Life • avril 07, 2025Rencontres et actualités

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Alors que le livre audio trouve doucement mais sûrement sa place dans les habitudes des amateurs de littérature, nous avons souhaité passer le micro à Arnaud Lecompte. En charge de « Oyez ! », une société spécialisée dans la production de livres audio, Arnaud et son équipe proposent leurs services à des grandes maisons d’édition, mais aussi aux auteurs indépendants. Il a accepté de répondre à nos questions et de nous nous révéler les secrets de la production de ce nouveau format.

Comment est né Oyez ! ?

Oyez ! est née en 2019, dans la continuité de notre engagement auprès des éditeurs. À l’origine, nous proposions des services de mise en page et de création de livres numériques. Mais en 2019, nous avons décidé d’aller plus loin, en lançant Oyez ! avec une ambition claire : permettre à nos clients de produire également leurs livres audio, et ainsi leur offrir un service éditorial complet, de la mise en page à la version audio. Notre différence ? Elle tient à notre expertise du contenu éditorial. Contrairement aux studios d’enregistrement classiques, nous connaissons intimement les textes, les enjeux narratifs, les intentions des auteurs ou des éditeurs. Cette connaissance fine du contenu nous permet d'accompagner la production audio avec une sensibilité et une exigence éditoriale que nos clients apprécient particulièrement.

Pouvez-vous préciser les grandes étapes de l’enregistrement d’un livre audio ? 

  • Le casting : c’est une étape fondamentale. Il s’agit de choisir la voix ou les voix qui porteront le texte, en fonction du ton, du registre et du public visé. Le choix du comédien ou de la comédienne est souvent fait en étroite collaboration avec l’éditeur.
  • La préparation du manuscrit (en parallèle du casting) : le texte est adapté pour la lecture orale : indications de prononciation, travail sur les dialogues, segmentation du texte, gestion des éventuels effets ou ambiances. Cette étape garantit une lecture fluide et fidèle à l’esprit de l’ouvrage.
  • L’enregistrement : le comédien enregistre le texte. Cette phase peut durer de quelques heures à plusieurs jours, selon la longueur et la complexité du livre.
  • Le travail de l’ingénieur du son : montage, nettoyage des pistes, ajout éventuel d’un sound design discret (ambiances, effets sonores, musiques) selon le projet. L’objectif est de créer une écoute immersive et agréable.
  • Les corrections : le fichier est relu et écouté attentivement pour détecter les éventuelles erreurs de lecture, coupes, respirations gênantes ou problèmes techniques. Des retakes (reprises d’enregistrement) peuvent être nécessaires.
  • La masterisation : c’est la touche finale. Elle garantit une qualité sonore optimale et conforme aux standards techniques des plateformes de diffusion.

Combien de personnes prennent part à la production d’un livre audio ?

  • Le chef de projet / chargé de production : il coordonne l’ensemble du processus, du brief initial jusqu’à la livraison finale. Il fait le lien entre l’éditeur, les comédiens et l’ingénieur son, veille aux délais et à la qualité globale.
  • Le directeur artistique (ou le chef de projet éditorial) : il participe au choix du comédien, prépare le manuscrit pour la lecture à voix haute (prononciation, intentions, dialogues), et peut assurer une direction artistique lors de l’enregistrement, selon les besoins du projet.
  • Le ou la comédienne voix : c’est la voix du livre. Sa mission est de transmettre l’intention du texte avec justesse, en respectant le ton, le rythme et les personnages. Il ou elle peut parfois incarner plusieurs rôles dans un même ouvrage.
  • L’ingénieur du son : il assure l’enregistrement en studio, le montage, le nettoyage audio, l’ajout éventuel d’effets sonores ou de musique, ainsi que la masterisation finale.
  • L’éditeur audio ou le relecteur : il ou elle écoute le fichier monté pour repérer les erreurs de lecture, les hésitations, ou les problèmes techniques. Il peut demander des retakes avant la validation finale.
  • (Parfois) un compositeur ou designer sonore : dans le cas de projets enrichis ou narratifs (fictions audio, documentaires sonores…), un spécialiste peut intervenir pour créer une ambiance sonore originale.

Sur quels critères choisir le comédien ou la comédienne qui prêtera sa voix à l’enregistrement ?

Le choix du comédien ou de la comédienne est une étape cruciale dans la production d’un livre audio. Il repose sur plusieurs critères, à la fois éditoriaux, artistiques et techniques :

  • Le type de texte : le style du livre (roman littéraire, polar, essai, jeunesse…) influence fortement le choix de la voix. Une fiction exige une voix capable d’incarner différents personnages, tandis qu’un texte documentaire nécessitera un ton plus posé et informatif.
  • Le genre et l’âge du narrateur dans le texte : on privilégie souvent une voix qui correspond au genre et à l’âge du narrateur, afin de renforcer l’identification de l’auditeur et la cohérence de l’interprétation.
  • La qualité de la voix : on recherche une voix agréable à écouter sur la durée, avec une diction claire, une bonne articulation, une capacité à transmettre des émotions sans surjouer.
  • Les compétences de jeu : pour les romans notamment, il est essentiel que le comédien sache moduler son ton, différencier les personnages, rendre vivants les dialogues tout en respectant le texte.
  • L’accent ou la neutralité linguistique : selon le public visé, un accent particulier peut être recherché (par exemple une voix canadienne francophone, belge ou antillaise), ou au contraire une diction neutre est privilégiée pour garantir une accessibilité maximale.

L’auteur doit-il fournir des précisions en amont ?

Oui, la contribution de l’auteur ou de l’éditeur en amont peut être très précieuse pour garantir la fidélité et la qualité de l’interprétation audio. Voici les éléments qui peuvent être utiles de partager avant l’enregistrement :

  • Prononciation des noms propres ou spécifiques : cela concerne les noms de lieux, de personnages, de marques, ou encore les mots en langue étrangère. Une indication claire évite toute erreur ou approximation à l’enregistrement.
  • Tonalité générale du texte : savoir si le récit est grave, léger, ironique, dramatique ou poétique permet de mieux orienter la direction artistique et le jeu du comédien.
  • Informations sur les personnages : leur âge, leur tempérament, leur registre de langue ou leur accent éventuel peuvent guider l’interprétation des dialogues.
  • Intentions d’auteur : parfois, certaines intentions de narration ou éléments de contexte ne sont pas immédiatement perceptibles à la simple lecture. L’auteur peut alors éclairer certains choix de ton ou de rythme.

L’auteur peut-il proposer d’autres comédiens ou fournir des éléments sonores qu’il aurait créés (jingle, ponctuation sonore) ?

Oui, tout à fait. Nous sommes ouverts aux propositions des auteurs et des éditeurs, qu’il s’agisse du choix de la voix ou d’éléments sonores à intégrer.

  • Proposition de comédiens : si l’auteur ou l’éditeur a une voix précise en tête — qu’il s’agisse d’un comédien professionnel ou d’une personne déjà associée au projet — nous étudions la proposition avec attention. Dans certains cas, il peut même s’agir de l’auteur lui-même, notamment pour des récits autobiographiques ou des essais personnels.
  • Éléments sonores fournis : il est tout à fait possible d’intégrer des sons, jingles, musiques ou ponctuations sonores fournis par l’auteur ou l’éditeur, à condition que les fichiers soient exploitables techniquement et que les droits associés soient clairs. Ces éléments peuvent enrichir l’identité sonore du livre, notamment dans les collections, les séries ou les livres jeunesse.

Que se passe-t-il si l’auteur n’est pas satisfait de l’enregistrement ?

La satisfaction de l’auteur et de l’éditeur est au cœur de notre démarche, et des ajustements sont toujours possibles. Avant la validation finale, l’enregistrement passe par une phase d’écoute et de relecture pendant laquelle l’éditeur (et l’auteur, s’il le souhaite) peut faire part de ses remarques. Cela peut concerner :

  • une prononciation incorrecte ;
  • un ton jugé inadapté ;
  • un passage mal interprété ;
  • ou tout autre détail qui ne correspond pas à l’esprit du texte.

Dans ce cas, nous organisons ce que l’on appelle des retakes (reprises d’enregistrement) sur les passages concernés. C’est une étape prévue dans notre processus qualité.

Nous veillons à maintenir un dialogue ouvert et constructif tout au long du projet, pour que la version audio finale soit fidèle à l’intention d’origine et pleinement satisfaisante pour toutes les parties.

Est-ce que tous les romans font de bons livres audio ? Y a-t-il des textes ou des genres plus complexes à adapter ?

Tous les romans ne se prêtent pas forcément de la même manière à une adaptation audio. Certains textes gagnent naturellement en force à l’oral, tandis que d’autres présentent des défis particuliers.

Les genres qui fonctionnent particulièrement bien :

  • Les romans narratifs à la première personne, qui créent une proximité immédiate avec l’auditeur.
  • Les thrillers, les romans jeunesse, les sagas, dont le rythme soutenu et les dialogues vivants se prêtent parfaitement à l'écoute.
  • Les romans avec une forte dimension émotionnelle ou une intrigue prenante, qui captivent l’auditeur.

Les textes plus complexes à adapter :

  • Les récits très introspectifs ou fragmentés, où l’absence de repères visuels (chapitres, typographie) peut nuire à la compréhension.
  • Les textes très expérimentaux ou à la structure non linéaire, qui demandent un travail d’adaptation spécifique pour rester accessibles à l’écoute.
  • Les romans très riches en notes de bas de page, renvois, ou éléments visuels (comme certains textes historiques ou documentaires), qui nécessitent parfois une réécriture ou une contextualisation.

Avez-vous une anecdote sur un projet particulièrement difficile ou un enregistrement particulièrement réussi ? 

Oui, nous avons eu la chance d’accompagner un projet particulièrement émouvant, qui illustre bien notre manière d’aborder chaque livre audio avec sensibilité et sur mesure.

Il s’agissait d’un témoignage écrit par une femme qui avait appris à lire et à écrire à l’âge de 50 ans. Son livre racontait ce parcours avec une sincérité bouleversante. Pour préserver la force de son récit, il n’était pas question de faire lire ce texte par un comédien professionnel — aussi talentueux soit-il. Nous lui avons donc proposé de prêter elle-même sa voix à son livre, malgré les difficultés liées à la lecture à voix haute.

L’enregistrement a été exigeant, bien sûr, mais aussi profondément humain. Le résultat est un livre audio imparfait sur le plan technique, mais d’une intensité rare. Sa voix, avec ses fragilités, porte une authenticité que nous n’aurions jamais pu reproduire autrement. C’est un projet qui nous rappelle que l’émotion et la vérité d’un texte passent parfois avant la perfection sonore — et que chaque livre audio est, avant tout, une rencontre.


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